Déclaration du Collectif national des 200

Publié le par Papyves83

Le Non est le choix de la France,

il faut respecter le vote des citoyens !

Le rejet par les citoyens français du projet de traité constitutionnel est

une bonne nouvelle pour l'Europe. C'est un vote populaire antilibéral et

européen qui a mobilisé l'essentiel des forces vives du pays. C'est un vote

de solidarité avec les peuples européens. Nous rejetons avec indignation les

accusations de xénophobie et de replis sur soi qui sont une insulte au

suffrage universel. C'est un vote de gauche, d'exigence sociale,

démocratique, environnementale, de paix, de rejet des politiques libérales

en France et en Europe. Le Non de gauche est majoritaire dans le Non. Le Non

est majoritaire à gauche. Le Non de gauche, pro-européen, fait reculer la

droite extrême. C'est un vote porteur d'espoir pour une Europe solidaire.

Le Non de gauche a imposé un débat imprévu et organisé l'intervention

populaire sur la question de l'Europe. C'est un formidable acte de

citoyenneté républicaine ; il s'agit maintenant de donner du sens à la

citoyenneté européenne.

La victoire du Non de gauche est à mettre à l'actif de toutes les forces qui

y ont contribué ; elle est le fruit de la dynamique unitaire qui s'est

amplifiée tout au long de la campagne et d'une formidable mobilisation de

terrain et de conviction menée par les centaines de collectifs unitaires qui

se sont constitués. Merci et bravo à toutes celles et tous ceux qui ont pris

leur part de ce bien commun. C'est une première victoire qui en appelle

d'autres.

Aujourd'hui, les dirigeants français et européens prétendent que le Non

français ne doit pas arrêter le processus de ratification de la Constitution

européenne. La nomination du gouvernement Villepin et ses premières

déclarations montrent que le président de la République refuse d'écouter les

exigences de la majorité des électeurs. Nous dénonçons ce nouveau mépris du

peuple et de la démocratie. S¹il est légitime que les autres peuples

s¹expriment, ce Traité est juridiquement et politiquement mort. Il doit être

retiré et une nouvelle discussion doit s'ouvrir au grand jour et sous

l'autorité des peuples sur les politiques économiques et sociales et sur les

institutions de l'Europe.

Les collectifs unitaires qui ont été l'artisan de cette victoire discutent

actuellement de leur maintien et de leur élargissement. Leur action doit se

poursuivre contre les offensives libérales, qu'elles soient internationales,

européennes ou nationales.

C'est nécessaire en France, par exemple contre la privatisation d'EDF et de

GDF, la fermeture des bureaux de poste, l'ouverture à la concurrence du

transport ferroviaire, la transposition des directives de libéralisation des

services publics, la remise en cause des droits des chômeurs dans le plan

Borloo, les licenciements collectifs, les projets de démantèlement du Code

du Travail, etc.

C'est nécessaire en Europe. Le Conseil européen se réunira les 16 et 17 juin

à Bruxelles. Le choix de notre peuple doit y être respecté. Des mesures

immédiates doivent être décidées de remise en cause des politiques libérales

qui viennent d'être rejetées : retrait de la directive Bolkestein et des

autres directives libérales, annulation des mesures de libéralisation des

services publics, mesures de solidarité et de convergence sociale et fiscale

permettant de lutter contre le dumping social et les délocalisations, remise

à plat de la politique agricole commune alignée sur l¹OMC, révision du

statut et des missions de la Banque Centrale Européenne et remise en cause

du Pacte de stabilité monétaire, annulation de la dette des pays pauvres.

Pour cela, nous appelons à participer aux délégations qui se rendront à

Bruxelles et à organiser une journée nationale de mobilisation le 16 juin à

l'occasion de la réunion de ce Conseil européen, avec notamment une

initiative à Paris.

Dans le même temps, nous travaillerons à renforcer le débat dans toute

l'Europe, notamment dans les pays européens où il a été interdit ou

escamoté. Le Non français, fondé sur la volonté d'une autre Europe n'est pas

isolé. Il n'y a pas un "problème français", mais un problème de tous les

peuples avec le libéralisme. Le vote aux Pays-Bas le confirme. Des contacts

existent, des déclarations et des appels européens en soutien au Non

français ont été publiés. Nous affirmons notre volonté de contribuer à

donner une nouvelle dimension à cette solidarité européenne en construction.

Nous avançons l'idée d'une première réunion de travail, le 24 juinà Paris,

de toutes les forces européennes qui partagent les mêmes objectifs.

Nous invitons les collectifs à tenir de larges réunions publiques < ouvertes

à toutes celles et tous ceux qui veulent agir pour une Europe solidaire et

combattre les politiques de démantèlement social < où seront débattues

l'appréciation de la situation ouverte par le vote du 29 mai et des

propositions pour une autre Europe et pour une alternative au libéralisme.

Nous proposons aux collectifs qui le souhaitent une rencontre de travail,

d'échange d'expériences, de bilans et de perspectives le 25 juin à Paris.

Publié dans Points de vue

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