Déclaration du Collectif national des 200
Le Non est le choix de la France,
il faut respecter le vote des citoyens !
Le rejet par les citoyens français du projet de traité constitutionnel est
une bonne nouvelle pour l'Europe. C'est un vote populaire antilibéral et
européen qui a mobilisé l'essentiel des forces vives du pays. C'est un vote
de solidarité avec les peuples européens. Nous rejetons avec indignation les
accusations de xénophobie et de replis sur soi qui sont une insulte au
suffrage universel. C'est un vote de gauche, d'exigence sociale,
démocratique, environnementale, de paix, de rejet des politiques libérales
en France et en Europe. Le Non de gauche est majoritaire dans le Non. Le Non
est majoritaire à gauche. Le Non de gauche, pro-européen, fait reculer la
droite extrême. C'est un vote porteur d'espoir pour une Europe solidaire.
Le Non de gauche a imposé un débat imprévu et organisé l'intervention
populaire sur la question de l'Europe. C'est un formidable acte de
citoyenneté républicaine ; il s'agit maintenant de donner du sens à la
citoyenneté européenne.
La victoire du Non de gauche est à mettre à l'actif de toutes les forces qui
y ont contribué ; elle est le fruit de la dynamique unitaire qui s'est
amplifiée tout au long de la campagne et d'une formidable mobilisation de
terrain et de conviction menée par les centaines de collectifs unitaires qui
se sont constitués. Merci et bravo à toutes celles et tous ceux qui ont pris
leur part de ce bien commun. C'est une première victoire qui en appelle
d'autres.
Aujourd'hui, les dirigeants français et européens prétendent que le Non
français ne doit pas arrêter le processus de ratification de la Constitution
européenne. La nomination du gouvernement Villepin et ses premières
déclarations montrent que le président de la République refuse d'écouter les
exigences de la majorité des électeurs. Nous dénonçons ce nouveau mépris du
peuple et de la démocratie. S¹il est légitime que les autres peuples
s¹expriment, ce Traité est juridiquement et politiquement mort. Il doit être
retiré et une nouvelle discussion doit s'ouvrir au grand jour et sous
l'autorité des peuples sur les politiques économiques et sociales et sur les
institutions de l'Europe.
Les collectifs unitaires qui ont été l'artisan de cette victoire discutent
actuellement de leur maintien et de leur élargissement. Leur action doit se
poursuivre contre les offensives libérales, qu'elles soient internationales,
européennes ou nationales.
C'est nécessaire en France, par exemple contre la privatisation d'EDF et de
GDF, la fermeture des bureaux de poste, l'ouverture à la concurrence du
transport ferroviaire, la transposition des directives de libéralisation des
services publics, la remise en cause des droits des chômeurs dans le plan
Borloo, les licenciements collectifs, les projets de démantèlement du Code
du Travail, etc.
C'est nécessaire en Europe. Le Conseil européen se réunira les 16 et 17 juin
à Bruxelles. Le choix de notre peuple doit y être respecté. Des mesures
immédiates doivent être décidées de remise en cause des politiques libérales
qui viennent d'être rejetées : retrait de la directive Bolkestein et des
autres directives libérales, annulation des mesures de libéralisation des
services publics, mesures de solidarité et de convergence sociale et fiscale
permettant de lutter contre le dumping social et les délocalisations, remise
à plat de la politique agricole commune alignée sur l¹OMC, révision du
statut et des missions de la Banque Centrale Européenne et remise en cause
du Pacte de stabilité monétaire, annulation de la dette des pays pauvres.
Pour cela, nous appelons à participer aux délégations qui se rendront à
Bruxelles et à organiser une journée nationale de mobilisation le 16 juin à
l'occasion de la réunion de ce Conseil européen, avec notamment une
initiative à Paris.
Dans le même temps, nous travaillerons à renforcer le débat dans toute
l'Europe, notamment dans les pays européens où il a été interdit ou
escamoté. Le Non français, fondé sur la volonté d'une autre Europe n'est pas
isolé. Il n'y a pas un "problème français", mais un problème de tous les
peuples avec le libéralisme. Le vote aux Pays-Bas le confirme. Des contacts
existent, des déclarations et des appels européens en soutien au Non
français ont été publiés. Nous affirmons notre volonté de contribuer à
donner une nouvelle dimension à cette solidarité européenne en construction.
Nous avançons l'idée d'une première réunion de travail, le 24 juinà Paris,
de toutes les forces européennes qui partagent les mêmes objectifs.
Nous invitons les collectifs à tenir de larges réunions publiques < ouvertes
à toutes celles et tous ceux qui veulent agir pour une Europe solidaire et
combattre les politiques de démantèlement social < où seront débattues
l'appréciation de la situation ouverte par le vote du 29 mai et des
propositions pour une autre Europe et pour une alternative au libéralisme.
Nous proposons aux collectifs qui le souhaitent une rencontre de travail,
d'échange d'expériences, de bilans et de perspectives le 25 juin à Paris.