LA VICTOIRE DU NON AU RÉFÉRENDUM

De Marie-Georges BUFFET Secrétaire Générale du Parti Communiste Français   La chance d’une autre Europe et d’une autre politique

Le président de la République a annoncé qu’en France, un référendum sur le “traité établissant une Constitution pour l’Europe” aura lieu avant l’été. Chacune, chacun de nous aura donc à se prononcer, en mai ou juin prochain, pour ou contre ce texte.
Le Parti communiste appelle à voter “non”.
De nombreuses forces sociales et politiques de gauche se mobilisent en ce sens.
Ce traité constitutionnel est un projet dangereux.
L’enjeu de ce vote va être très important. Pour aujourd’hui et pour demain.
Aujourd’hui, la réalité est celle d’une régression sociale générale.
Hausse du chômage et de la précarité, délocalisations, baisse du pouvoir d’achat, pressions sur les salaires et les retraites, allongement de la durée du travail, casse de la protection sociale et des services publics, privatisations…
Tous ces coups sont le résultat de choix politiques, faits par le gouvernement de droite et le grand patronat.
Dans tous les pays européens, on retrouve des politiques similaires.
Elles sont dictées, organisées par les “directives” et les institutions de l’Union européenne, comme la Banque centrale aux ordres des marchés financiers et le pacte de stabilité limitant les dépenses publiques.
Or, le traité proposé fait figurer toutes ces dispositions dans la future “Constitution européenne”. C’est comme si la politique de Raffarin était désormais inscrite dans la Constitution !
Des droits fondamentaux sont énoncés. Mais ils sont en retrait de ceux dont dispose le peuple français, ils nient les acquis des luttes féministes et leur exercice est soumis au respect de la loi de la “concurrence libre et non faussée”.
Une politique de défense est définie. Elle est enchaînée à l’Otan, donc aux États-Unis, et inclut un développement de l’armement.
Le “oui” ne sera donc pas un “oui à l’Europe”, mais un “oui”, et pour longtemps, aux politiques “libérales” qui enferment l’Europe et notre société dans la crise.
Il est vital de faire échec à ce projet. Les élections régionales et européennes de 2004, les mouvements sociaux prouvent la force du rejet de la droite et de l’Europe “libérale”.
Le “non” peut l’emporter. Ce serait une très bonne nouvelle.

LE VOTE DE SANCTION CONTRE LA DROITE ET LE GRAND PATRONAT
La victoire du “non” au référendum sera une nouvelle et lourde sanction contre Chirac, Raffarin, Sarkozy, Seillière qui s’engagent de toutes leurs forces pour ce traité parce qu’il graverait dans le marbre leur politique.
Pour toutes celles et tous ceux qui se battent pour leur emploi, leur pouvoir d’achat, leurs droits, les services publics, quel encouragement ce sera si une majorité du pays, par ce vote, leur donne raison !
La résistance à la politique de la droite, la possibilité de la faire reculer et de gagner des améliorations seront bien plus fortes.

LE VOTE POUR L’EUROPE
Quel espoir ce sera pour tous les peuples européens et pour l’Europe elle-même !
Car, contrairement à ce que disent les partisans du “oui”, ce rejet par la France du projet de Constitution ne plongera pas l’Europe dans le “chaos”! Il dira: “Ce traité n’est pas bon. Il faut travailler à un autre.”
Dans toute l’Europe, des forces politiques, syndicales, altermondialistes, féministes, antiracistes, pacifistes avancent des propositions pour faire de l’Union européenne l’Europe de l’emploi, des services publics, de droits élargis pour ses citoyennes et ses citoyens, l’Europe de la paix, de la solidarité, de l’écologie, du codéveloppement.
La victoire du “non” donnera plus de poids à l’exigence de nouveaux fondements à l’Union européenne, rompant avec le “libéralisme”, pour en faire une communauté de peuples solidaires.

LE VOTE DE GAUCHE POUR UNE AUTRE POLITIQUE
Enfin, cette victoire du “non” sera une chance pour la gauche.
Celle-ci est aujourd’hui placée devant un choix fondamental. Faut-il s’accommoder des politiques dictées par les marchés financiers, que le traité constitutionnel rendrait intangibles ?
Ou faut-il rejeter ce traité, être de toutes les mobilisations contre la droite et préparer au grand jour, avec les citoyennes et les citoyens, un programme répondant aux attentes populaires ?
En assurant la victoire du “non”, les électrices et les électeurs communistes, socialistes, Verts, d’extrême gauche rendront un grand service à la gauche en lui permettant de refuser le libéralisme, de porter un coup sévère à la droite et au Medef et de préparer pour demain une vraie politique de changement.

Les ouvriers, les employés, les salariés et retraités, les privés d’emploi, les jeunes; les peuples d’Europe; les femmes et les hommes de gauche ont tout à gagner avec le “non” au référendum.
Sa victoire sera votre victoire.